La pollution numérique est surtout due à la fabrication des appareils, pas à leur utilisation
Le collectif d'experts indépendants Green IT publie ce mardi un rapport sur la pollution numérique, qui représente 5% des émissions de gaz à effet de serre en France. Principale cause : les appareils que nous utilisons, que nous importons, et ne gardons pas assez longtemps.
Regarder des séries sur les plateformes de VOD sur sa tablette, envoyer des dizaines de mails par jour, ou des fichiers volumineux par internet : en France, c'est finalement une petite part de la pollution numérique, qui représente un peu plus de 5% de nos émissions de gaz à effet de serre. C'est en tout cas ce qu'avance le collectif d'experts indépendants Green IT, dans un rapport publié ce mardi. D’après ce rapport, le gros de la pollution numérique en France n'est pas lié à l’usage qu’on fait de ces appareils, mais bien à leur fabrication, qui nécessite des ressources importantes : eau, énergie et minerais notamment.
"Ce qui émet beaucoup de CO2, c'est la phase où l'on extrait les différents matériaux, notamment les minerais, de la terre, transformés en composants électroniques", explique Frédéric Bordage, expert membre du collectif Green IT. "Nous importons les impacts environnementaux du numérique." Ce qui coûte cher à notre environnement.
Garder plus longtemps nos équipements
Autre problème d'après Green IT : la multiplication de ces appareils. Il y a actuellement en France 631 millions d'équipements numériques, utilisés par un peu moins de 60 millions de personnes. Soit en moyenne 11 appareils par personne. À titre de comparaison, ce chiffre est de 8 en moyenne au niveau mondial. Les smartphones et les ordinateurs bien sûr, mais aussi les montres connectées, les télévisions, les assistants vocaux, les enceintes Bluetooth... Il faudrait garder ces très nombreux équipements plus longtemps si nous voulons réduire leur impact sur l'environnement, d'après Frédéric Bordage :
"Finalement on peut faire un peu ce que l'on veut avec nos équipements. L'important, c'est d'en avoir le moins possible, et de les garder le plus longtemps possible."
Parmi les solutions proposées par le collectif d'experts, augmenter la garantie légale, qui est aujourd'hui de deux ans, pour l'aligner sur la durée de vie des équipements, dix ans pour une télévision par exemple. Le collectif d'experts préconise aussi de favoriser la réparation et le réemploi, et de lutter contre l'obsolescence programmée, ou les modèles économiques qui s'y apparentent : "On peut se demander pourquoi un smartphone a une durée de vie moyenne de 24 mois. N'est-ce pas parce qu'au bout de 24 mois, mon opérateur mobile me 'donne' un nouvel équipement ?"
Green IT suggère aussi d'aller plus avant dans la mutualisation des équipements, "comme on a su le faire avec le smartphone", souligne Frédéric Bordage, "qui maintenant remplace un lecteur MP3, un appareil photo numérique, un téléphone, et même bien souvent un ordinateur. Dans cette logique, on peut se demander s'il est vraiment pertinent que dans un immeuble de cinquante logements, chacun ait sa box internet par exemple."
Réduire l'empreinte environnementale du numérique, c'est aussi l'objet d'une étude commandée par une mission d'information du Sénat, publiée mercredi matin. Une mission d'information qui a d'ailleurs auditionné le collectif Green IT.
Source: France Inter