La FTC accuse Apple et d'autres constructeurs de restreindre les possibilités de réparation de leurs appareils

La FTC accuse Apple et d'autres constructeurs de restreindre les possibilités de réparation de leurs appareils

Après s'être intéressé de près aux pratiques de l'App Store, les autorités américaines pourraient trouver un autre angle d'attaque contre Apple : le droit à la réparation.

La FTC, la commission fédérale en charge du commerce, a produit un rapport sur le sujet qui n'est pas tendre avec le constructeur de Cupertino. Il est vrai que ce dernier exerce un lobbying agressif envers les États américains qui cherchent à faciliter la vie des utilisateurs voulant réparer eux-mêmes leurs appareils, ou en remplacer des composants.

Beaucoup de produits de grande consommation sont de plus en plus difficiles à réparer, déplore la FTC : « Les réparations demandent aujourd'hui des outils spécialisés, des composants difficiles à obtenir, et l'accès à des logiciels de diagnostic propriétaire. Le choix des consommateurs est limité quand ils ont besoin de faire réparer leurs produits ».

De plus, le fardeau financier des réparations de certains appareils, comme les smartphones, est plus lourd pour les communautés de couleur : ces dernières sont souvent moins bien loties financièrement, toutes n'ont pas nécessairement accès à une connexion internet à la maison alors qu'elles sont souvent plus dépendantes de leurs smartphones. À cela s'ajoute la problématique de la pandémie : les appareils sont beaucoup plus sollicités. La FTC relève que même lorsque la garantie des produits n'exige pas explicitement une réparation réalisée par leurs constructeurs, beaucoup d'entre eux s'arrangent pour restreindre les possibilités de réparations indépendantes : la conception des appareils complique la réparation et la rend moins sécuritaire, les pièces nécessaires ne sont pas disponibles, il y a des verrous logiciels, la réparation annule la garantie… Les constructeurs répliquent que ces restrictions ont été mises en place pour protéger leur propriété intellectuelle, et éviter les accidents. Apple sort régulièrement l'argument de la sécurité de l'utilisateur, non sans raison : même une opération relativement banale comme le remplacement d'une batterie demande de l'expertise.

Apple apparait à plusieurs reprises dans le document, par exemple via iFixit, principal avocat du droit à la réparation, qui a expliqué à la FTC que les tactiques mises en place par le constructeur entravent les réparateurs indépendants et les consommateurs qui veulent effectuer des réparations basiques. Remplacer l'écran d'un iPhone par une dalle provenant d'un smartphone identique empêchera des fonctions comme True Tone de marcher correctement. Ces composants ne peuvent être réparés que par Apple ou son réseau agréé.

Le rapport de la FTC a été transmis au Congrès américain. La Commission estime ces restrictions « injustes » et demande que des mesures législatives soient prises pour rééquilibrer le rapport entre les consommateurs et les constructeurs. Apple cherche à faire bonne figure via son programme destiné aux réparateurs indépendants, récemment étendu au monde entier. Néanmoins, Apple et les constructeurs n'ont pas fini de faire pression sur les législateurs. Dans le cadre du Pacte vert dévoilé en mars 2020, l'Union européenne veut en effet mettre en place un droit à la réparation pour les produits électroniques.

Source : Mickaël Bazoge - Macg.co